Le XIIe siècle
Le XIIIe siècle
Le XIVe siècle
Le XVe siècle
Les XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles
Le XIXe siècle
Le XXe et XXIe siècle

Le XIIe siècle

Robert Ier de Dreux. Bib. Ste Geneviève.

Le château de Brie-Comte-Robert fut construit vers 1160, alors que Robert Ier de Dreux (1125-v.1160-1188), quatrième fils de Louis VI le Gros et frère de Louis VII, était le premier seigneur de Brie. Les indices archéologiques apportés par la fouille, les éléments de sculptures des cheminées et la datation des mortiers par le C14, placent la construction du château durant cette période charnière pour l’architecture castrale. Son plan général (plan carré, répartition des tours rondes flanquantes, cour centrale, bâtiment seigneurial et communs adossés aux courtines) annonçait certaines caractéristiques des châteaux du roi Philippe II Auguste (1165-1180-1223) qui engendra l’essor de la construction des châteaux au début du XIIIe siècle.

L’architecte de Robert Ier a donc fait figure de novateur et de précurseur des plans réguliers en France. La tour principale (tour-porte), faisant office de donjon, était ici intégrée à l’enceinte et protégeait deux entrées opposées, fait unique en Île-de-France.

Guillaume de Dreux (v.1163-1188-†1198), fils cadet de Robert, hérita de Brie à la mort de son père Robert Ier.


Le XIIIe siècle

Robert II de Dreux et Yolande de Coucy – Bib. Ste Geneviève, Paris.

Robert II de Dreux (1153-1198-†1210), fils aîné de Robert Ier, devint seigneur de Brie à la disparition de son frère cadet. Habile et conciliant, il négocia le partage des droits sur Brie avec le Chapitre de Notre-Dame de Paris, développa l’économie de la ville et contribua au démarrage du chantier de l’église Saint-Étienne. Il favorisa l’installation d’un Hôtel-Dieu. Grand seigneur, fidèle soutien du trône, il accompagna le roi Philippe Auguste à la 3e croisade (1189-1192).

Robert III et Aliénor de St-Valéry- Bib. Ste Geneviève, Paris.

Robert III de Dreux (v.1185-1210-†1218), le fils aîné de Robert II, hérita de la seigneurie en 1210 et se maria avec Aliénor de Saint-Valéry. Surnommé Gâteblé, Robert III fut, lui aussi, un serviteur zélé du roi Philippe Auguste. De son court passage à Brie ne reste qu’un fragment de vitrail aux armes de son épouse.

Pierre de Dreux – Cath. de Chartres.

Pierre de Dreux dit Maucler (1190-1218-†1250) était le deuxième fils de Robert II. Il devint comte de Bretagne en 1213 par son mariage avec Alix de Thouars. Il participa à la Croisade contre les Albigeois (1209-1229). On se souvient aussi de lui pour ses menées contre la régente Blanche de Castille durant la minorité de saint Louis. Assagi, ce fut ensuite un fidèle serviteur du roi. Il récupéra la terre de Brie en 1218 et se signala par des fondations pieuses financées par les revenus de sa terre briarde.

Jean Ier de Bretagne dit le Roux (1217-1250-1254†1286) hérita de Brie à la mort de son père et ne garda la terre que quatre ans.

Alix II de Bretagne (1243-1254-1263†1277), fille de Jean, fut dotée du domaine de Brie lors de son mariage, en 1254, avec Jean de Châtillon. Celui-ci géra les fiefs et les arrières fiefs de Brie au nom de sa femme.

Jeanne de Châtillon (v.1254-1263-†1292) était la fille unique de Alix II. Elle se maria avec Pierre de France, fils de Louis IX, comte d’Alençon en 1272. Elle avait reçu Brie en 1263 lors de ses accordailles. C’est à cette époque que Brie fut érigée en châtellenie indépendante de celle de Corbeil.

Blanche de Bretagne (1270 –1292-†1302) hérita de la terre de Brie à la mort de sa cousine Jeanne. Elle se maria avec Philippe d’Artois en 1280.

Blanche de Bretagne
– Basilique. St-Denis. ©ADVC Brie.


Le XIVe siècle

Marguerite d’Artois (1285-1302-†1311) fille aînée de Blanche, reçut en dot la terre de Brie lors de son mariage avec Louis de France, comte d’Évreux et demi-frère de Philippe IV le Bel, en 1300. Marguerite disparut en 1311.

Gisant de Jeanne d’Évreux, Maubuisson puis Louvre, Paris.

Louis d’Évreux (1276-1311-†1319) continua d’administrer la terre de Brie apportée par son épouse, jusqu’à sa mort. Dans les archives, Brie est désormais dénommée Braya Comitis Roberti, nom qui rappelle le premier seigneur de la ville.

Jeanne d’Évreux portant Charles VI au baptême. B.N.F, Paris.

Jeanne d’Évreux (1301-1319-†1371), fille aînée, hérita de la terre de Brie en bien propre. Elle devint l’épouse du dernier roi capétien direct, Charles IV le Bel. À la mort de celui-ci (1328), elle bénéficia de confortables revenus (douaire royal assis sur de nombreux fiefs en Brie et en Champagne), qui lui permirent de consacrer des sommes importantes à l’entretien et à l’amélioration de ses possessions, dont Brie-Comte-Robert. Elle fit faire d’importants travaux au château, comme l’attestent ses Comptes conservés aux Archives nationales. La dame de Brie fit, en particulier, aménager luxueusement l’hôtel seigneurial. Elle fit construire une chapelle dédiée à Saint-Denis, accolée à la tour Saint-Jean et dessiner de vastes jardins d’agrément. Le couple royal eut trois filles, les deux premières disparurent jeunes et la troisième, Blanche, vint au monde deux mois après la mort de son père.
Faute d’héritier mâle, la couronne passa aux Valois. On vit également au château en 1349, le mariage du roi Philippe VI de Valois et de Blanche d’Évreux-Navarre, nièce de la reine Jeanne. Jeanne d’Évreux mourut au château en 1371, à l’âge de 69 ans.

Blanche de France (1328-1371-†1393) succéda à sa mère dans la seigneurie de Brie. Elle épousa, en 1356, Philippe, duc d’Orléans, frère de Jean II le Bon. Le château devint une résidence de prestige où tous les grands seigneurs du royaume, notamment les ducs de Bourgogne, n’hésitèrent pas à séjourner. Sans enfant, Blanche fit don de ses biens au roi Charles VI. Celui-ci en constitua l’apanage de son frère Louis d’Orléans.

Louis d’Orléans. Coll. part.

Louis Ier d’Orléans (1372-1393-†1407), nouveau seigneur fastueux et ambitieux, aimait à séjourner à Brie. Il y déposa une partie de la dot de son épouse Valentine Visconti. Le château fut le siège d’un tournoi festif en août 1400, mais, dès 1405, Louis fit réarmer la fortification. Il fit par ailleurs rédiger un nouveau censier de la ville (livre d’imposition foncier donnant une vision de la petite cité). Il fut assassiné en 1407 à Paris.


Le XVe siècle

Charles d’Orléans recevant des hommages. Arch. nat. Paris.

Charles d’Orléans (1394-1407-†1465), fils aîné de Louis d’Orléans et Valentine Visconti, hérita de Brie. Mais dès 1415 Charles fut fait prisonnier par les Anglais à la bataille d’Azincourt. Le parti Bourguignon profita du château et la reine Isabeau de Bavière y séjourna pour le calme et pour s’éloigner de l’atmosphère de la capitale. Elle obtint même Brie à titre de douaire provisoire. Deux compagnons de Jeanne d’Arc récupèrent le château en 1429 mais en sont délogés en 1430 par les Anglais qui pillèrent la ville. Après une suite successive de combats, Charles d’Orléans récupéra son bien à son retour de captivité en 1440. Son épouse Marie de Clèves lui donna un fils, Louis, futur Louis XII.

Louis II d’Orléans (1462-1465-†1515) n’avait que trois ans lorsqu’il hérita de Brie. Sa mère, Marie de Clèves, administra le domaine. Marié à la fille de Louis XI, Jeanne de France, il accueillit son beau-père quelques jours au château, en juin 1480. La disparition accidentelle du roi Charles VIII, fils de Louis XI, lui offrit le trône en 1498 sous le nom de Louis XII. Brie rentra alors dans le domaine royal.


Les XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles

François 1er (1494-1515-15221547) fit également quelques haltes au château de Brie, mais à partir de 1522, il s’orienta vers une nouvelle gouvernance pour la seigneurie : l’engagement. C’était une aliénation temporaire du domaine contre une valeur transactionnelle avec faculté de rachat. L’engagement concernait le plus souvent des proches du souverain que celui-ci souhaitait honorer ou récompenser.

Les seigneurs engagistes :

    • Louis de Poncher (v.1440-1522-†1522).

      Philippe de Chabot.

    • Anne de Poncher ( ?-1522-†1528) sa fille et
      Antoine Bohier, son mari.
    • Philippe de Chabot (1480-1528-†1543).
    • Françoise de Longwy (v.1510-1543-15471557), veuve Chabot.
    • Jean-François d’Aquaviva, duc d’Atry ( ? –1547-†1564).
    • Marie-Catherine de Pierrevive ( ? – 1564-15701574).
    • Charles de Gondi (1536-1570-†1574), seigneur de La Tour.
    • René de Villequier (1535-1574-†1590), favori de Henri III. Il était également seigneur d’Evry-les-Châteaux depuis 1571.
    • Charlotte-Catherine de Villequier ( ? –1590-†1600), sa fille.

      Pierre Bruslard de Sillery.

    • Balthazar Gobelin (1545-1600-1613†1617). Il fit faire des réparations au château et accueillit le dauphin (futur Louis XIII) en 1609, puis le petit roi en 1612.
    • Pierre Bruslard marquis de Sillery (1583-1613-1625 1640).
    • Noël Bruslard de Sillery (1577-1625-†1640), oncle de Pierre Bruslard, dit le Commandeur de Sillery. Il séjournait en sa demeure familiale de Pamphou, dans les faubourgs de Brie.
    • Claude de Bullion (1569-1640-†1640), ministre du roi Louis XIII. Il était surintendant des finances depuis 1632.
    • Angélique Faure, sa veuve (1593-1640-†1662), marquise de Bullion, fut généreuse avec les institutions de charité. En 1649, durant la Fronde, le château fut assiégé et pris par les troupes royales. La vieille bâtisse fut mise à mal et perdit une tour. Les pressoirs banaux furent placés à l’intérieur du château.
    • Les trois fils Bullion (1662-1684) louèrent le château inhabité pour des activités artisanales : atelier de forge, laiterie, pressoir particulier. En 1681, Laurent Migasse prit les bâtiments  à bail. Ceux-ci étaient en mauvais état.
    • Jean-Jacques de Mesmes (1640-1684-†1688), comte d’Avaux. Il était président au Parlement de Paris.

      Germain-Louis de Chauvelin. Musée de Bordeaux.

    • Jean-Antoine de Mesmes (1661-1688-†1723), fils du précédent, était premier président au Parlement de Paris.
    • Les deux filles de Mesmes (1723-1734).
    • Germain-Louis de Chauvelin (1685-1734-†1762), était garde des Sceaux, seigneur de Grosbois. Il racheta l’ancien fief du Chapitre Notre-Dame (quartier autour de l’église). Il obtint, en 1750, l’autorisation de raser les tours et les courtines dégradées du château à hauteur du premier étage, épargnant toutefois la tour Saint-Jean, symbole seigneurial.
    • Filles héritières Chauvelin (1762-†1766).

Fin de l’engagement et retour à la couronne.

    • Le Comte d’Eu (1701-1766-1775) échangea des terres avec son cousin Louis XV, dont Brie. Par cette transaction, Brie sortait définitivement du domaine royal.
  • Louis-Jean-Marie duc de Penthièvre (1725 –1775-†1793) hérita de la seigneurie de Brie de son cousin germain. Très riche, mais unanimement reconnu pour sa bonté, sa piété et sa générosité, il améliora notablement l’hôtel-Dieu.

    Baron de Besenval conduit au château de Brie –  Coll. part.

    Le 11 août 1789, le baron de Besenval, commandant des troupes d’Île-de-France, fut arrêté, sur la route de la Suisse, à Villegruis. Son emprisonnement au château agita la petite ville.  Le 7 novembre, il fut transféré au Châtelet de Paris. Il sauva sa tête grâce à l’éloquence et la courageuse plaidoirie de De Sèze.

1793 : Les possessions de Louise-Marie-Adélaïde, fille du duc de Penthièvre, furent confisquées comme biens nationaux pour être mises en vente.

1798 : Louis Lambin, propriétaire de Marles-en-Brie.

1799 : Dominique Barar, épicier à Fontenay-Trésigny.


Le XIXe siècle

1801 : Denis-Claude Rousseau, jardinier à Brie.

1855 – Plan des bâtiments industriels de A. Belin – Arch. com.

1803 : ville de Brie pour 7600 francs. Le libre passage au travers du château fut ouvert ainsi que l’utilisation publique des pressoirs restaurés.

1813 : le château fut remis en vente (loi de Napoléon Ier du 20 mars 1813) au profit de Donat-Félix Belin. Le château et les terrains environnants devinrent une petite zone industrielle vouée à une tannerie puis à une distillerie. La guerre franco-prussienne de 1870-1871 marqua la ruine de ces petites industries.

1879 : Benoît-Michel Gillet, banquier parisien, acheta le château. Il fit abattre la tour Saint-Jean pour construire une vaste maison de rapport. Les héritiers firent progressivement disparaitre les bâtiments industriels.


Le XXe et le XXIe siècles

1923 : Paul Savary, Maire, négocia le rachat du château pour la ville avec Madame Petit-Gillet. Le vénérable édifice, redevenu patrimoine communal, fut nettoyé, planté d’une roseraie et devint un lieu de promenade.

1925 : classement au titre des Monuments historiques.

1982 : Par décision du conseil municipal (André Aubert, Maire), les lices furent décaissées et les douves partiellement curées. Le 16 juillet 1982, un chantier archéologique démarra, grâce à une association de bénévoles : Les Amis du Vieux Château, pour une étude scientifique du monument. Une restauration progressive des vestiges et la mise en valeur du site furent entreprises par l’association.

1983-2012 : Trente années de chantiers de fouilles programmées permirent de mettre au jour tous les bâtiments médiévaux à l’intérieur de l’enceinte, ainsi que les vestiges de plus de huit siècles de vie castrale.

2005 : Une importante restauration des remparts et des tours-portes permit de refermer l’enceinte pour y construire un Centre d’Interprétation du Patrimoine, bâtiment contemporain au service du monument historique et tourné vers le public.

2015 : Le Centre d’Interprétation fut agrandi grâce à la construction d’une base de recherche archéologique.

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♦ Le château – introduction

Histoire – Les seigneurs de Brie-Comte-Robert
Évolution architecturale
Restauration
Le château aujourd’hui