Le château résidence des XIVe-XVe siècles
En 1319, Jeanne d’Évreux, fille aînée de Louis d’Évreux et de Marguerite d’Artois hérita de la terre de Brie, en bien propre. Six ans plus tard, en 1325, Jeanne fut choisie par Charles IV le Bel, son cousin, comme troisième épouse. Veuve dès 1328, la reine douairière s’attacha à l’entretien et à l’amélioration de ses biens personnels, dont le château de Brie, transformant le château forteresse en un très confortable château résidence.
Les passages sur les douves bénéficièrent de ponts-levis à flèches et porte piétonne. Une petite poterne sur l’eau, au sud-ouest, complétait le dispositif. Les lices furent aménagées en jardin avec adjonction d’une écurie à la fin du siècle. Les deux portes de la tour Saint Jean et de la tour de Brie gardèrent leurs défenses.
Le logis fut l’objet d’importantes transformations. Les courtines percées vers l’est laissèrent entrer la lumière dans de nouveaux appartements plâtrés et décorés de peintures.
Panetrie, four ainsi que fruiterie furent aménagés au rez-de-chaussée. Dans la grande cuisine et ses dépendances officia un jeune marmiton en apprentissage, Guillaume Tirel, qui passa ensuite au service des rois Philippe de Valois, Charles V et Charles VI sous le nom de Taillevent auteur du célèbre « Viandier ».
L’escalier sur cour fut amélioré desservant, à l’étage, une nouvelle galerie sur cour joignant la grande salle à la nouvelle chapelle construite derrière la tour Saint-Jean. Dédié à Saint Denis, l’oratoire tourné vers la cour, surmontait le passage d’entrée. L’hôtel princier était décoré de carreaux armoriés bicolores sur les sols, les murs recouverts de boiseries en chêne du Nord et de peintures aux motifs blasonnés. Les cheminées chauffaient toutes les pièces pouvant accueillir la suite royale, comme dans la tour Est réaménagée avec une grande baie à coussiège. De nouvelles latrines furent bâties sur l’extérieur et même chauffées pour les appartements de la reine Jeanne.
La cour centrale, scindée en deux parties inégales par un mur percé de portes, était hiérarchisée ainsi en une cour de service au nord-ouest et en une cour noble au sud-est. Les tours se couvrirent de toitures en poivrière et l’hôtel seigneurial fut couvert de tuiles glaçurées polychromes, reprenant la mode des riches hôtels parisiens.
Restitution XIVe s. d’après les découvertes archéologiques (©ADVC Brie.)
En cliquant-glissant sur la souris et le zoom de la molette, vous pouvez vous déplacer dans la restitution du château du XIVe siècle.
Jeanne d’Évreux partageait son temps entre son château de Crécy et celui de Brie et c’est dans ce dernier qu’elle mourut le 4 mars 1371. Après une messe dite en l’église paroissiale Saint-Étienne, son corps fut inhumé en trois lieux différents selon la coutume : le cœur aux Cordeliers de Paris, les entrailles à l’abbaye de Maubuisson, le reste du corps enfin en la basilique de Saint-Denis où l’on peut encore admirer son gisant.
Après la mort de Jeanne d’Évreux, le château garda tout son confort car Louis d’Orléans le fréquenta régulièrement avec son épouse Valentine de Milan et sa suite. Un tournoi courtois y fut organisé en 1400. Isabeau de Bavière reçut même le château et la ville en douaire, en 1424 car la ville était « en bon air …. et en pays de sureté ».
Mais la guerre de Cent Ans, avec des sièges et prises successifs du château dans les années 1430, marqua la fin de cette période faste. Les pillages anglais d’une partie de la ville endommagèrent l’hôtel seigneurial. N’ayant plus aucune fonctionnalité militaire, le château résidence, encore symbole seigneurial, devait s’adapter au nouveau mouvement architectural de la Renaissance.
Vidéo sur la période médiévale du château
– Le château forteresse du XIIe siècle
– Le château résidence des XIVe – XVe siècles
– Le château Renaissance au XVIe siècle
– Le château reconverti au milieu du XVIIe siècle
– Le château fantôme au milieu XVIIIe siècle